La Vision stratégique pour l’armée et la réforme de la pension militaire : totalement incompatibles

15/02/2017

Ce 15 février, les quatre syndicats représentatifs ont été entendus par la Commission parlementaire de la Défense à propos de la Vision stratégique et ses conséquences pour le personnel. Le syndicat militaire ACMP-CGPM a pour sa part mis l’accent sur la réforme des pensions et les conséquences de celle-ci pour les militaires et l’armée.  

C’était le cœur de l’intervention de votre syndicat.

Le gouvernement s’est lui-même attribué un brevet d’incompétence. Au moment où les menaces de sécurité et l’incertitude n’ont jamais été aussi grandes au cours des 25 dernières années, il a pris une mesure qui a réduit d’un sixième la force de combat de l'armée, avec pour conséquence que sa capacité à contribuer à la sécurité intérieure s’est contractée de 40 %.

Presque jour pour jour, 3 mois 1/2 après qu’il ait approuvé la Vision stratégique du ministre Vandeput, le gouvernement Michel, avec la réforme du régime de pension des militaires, a complètement torpillé une série de fondements à long terme de ce plan. Dans la période allant jusqu’en 2030, trois milliards d’euros seront moins disponibles pour des investissements dans de nouveaux matériels et pour la mise en condition des unités. En outre, les forces armées continueront d’évoluer vers une Dad’s army, une armée d’hommes vieux.

De plus, la seule alternative réaliste est encore plus préoccupante : une réduction ultérieure des forces armées débouchant sur une armée bonsaï qui sera d’un tiers plus petite que la puissance armée actuelle déjà fortement laminée.

Il est en outre illusoire de croire que la problématique de la pension puisse être résolue et que par conséquent le plan Vandeput soit sauvé en empruntant la voie de la pénibilité (les « métiers lourds »). Pour l’armée elle-même, ce n’est juste qu’un emplâtre sur une jambe de bois : les coûts salariaux seraient encore et toujours 15% plus élevés. Et la question des militaires âgés de plus de 60 ans, qui seront dans l’impossibilité de satisfaire encore aux exigences physiques, mentales et technico-militaires des missions d’aujourd'hui, n’est pas davantage résolue. Pour le militaire lui-même, cela ne représenterait que quelques petites cacahuètes. Une telle règlementation ne remédierait fondamentalement en rien à la constatation que les forces armées offriront indubitablement moins de sécurité au citoyen belge.

La Vision stratégique et la réforme des pensions sont donc totalement incompatibles entre elles. Plus encore, cette mesure rend les bases budgétaires de la vision de l’avenir, pourtant déjà bien précaires, totalement non crédibles.

C’est la raison pour laquelle l’ACMP-CGPM a plaidé fortement pour l’annulation de cette décision gouvernementale. À la place, votre syndicat a proposé de procéder à la reconnaissance et à la valorisation du caractère particulier de la qualité de militaire au moyen d’unrégime particulier de pension. Avec comme point de départ l’évolution de l’âge de la pension de tous les militaires avec le même nombre d’années, au même rythme et suivant le même calendrier et ce, à l’identique de tous les autres Belges, à savoir + 1 an en 2025 et de nouveau + 1 an en 2030.

La balle est maintenant dans le camp de l’autorité.