La tranquillité d'esprit

27/03/2020

On peut dire beaucoup de choses sur le coronavirus, mais pas qu'il n'a pas le sens du timing historique. Il est presque pathétique de voir à quel point il nous a touchés au moment même où nous nous souvenions de notre précédente catastrophe collective. La catastrophe qui a pris fin il y a 75 ans : la Seconde Guerre mondiale.

Pour les générations d'après-guerre, les plus de quatre années d'occupation allemande ont toujours été nébuleuses. Malgré tous nos efforts pour la comprendre, elle est restée une histoire mystérieuse, qui s'est déroulée dans une autre réalité, dans un pays loin d'ici. Tout comme le coronavirus est mystérieux et difficile à saisir et à apprivoiser. Est-ce parce que nos parents et grands-parents voulaient nous épargner leurs craintes ? Dans de nombreux cas, ils l'ont fait, mais peut-être que nous avons nous-mêmes préféré cette distance de sécurité. Autre ressemblance avec la crise du coronavirus : cette distance de sécurité.

Pour l'instant, l'impact de l'épidémie du covid-19 n'est pas du tout du même ordre que celui de la guerre, de l'Occupation et d’un génocide, mais il réduit cette distance. En lisant un peu à propos de la période d'occupation, nous sommes toujours stupéfaits par la vitesse à laquelle toutes les certitudes ont pu être effacées, alors que la vie quotidienne semblait se poursuivre comme d'habitude. Tout comme la crise du coronavirus. Mais le virus nous ramène les pieds sur terre, après une longue période au cours de laquelle nous avions oublié les surprises que le destin réserve aux gens.

Une autorité protectrice

Dans notre pays, nous avons la chance de bénéficier de la "tranquillité d'esprit de l'État-providence" : la certitude confortable que le gouvernement, en tant que "Big Mother", nous protège contre toutes les catastrophes imprévues qui peuvent arriver à un être humain dans sa vie.

La Défense fait partie de cette autorité protectrice ; elle fait partie de cette "Big Mother". Notre présence en tant que réserve stratégique du pays en temps de crise contribue à créer cette tranquillité d'esprit. Les capacités disponibles de l'armée, quelle que soit sa composante, service de soutien ou organisme, contribuent à soutenir la confiance de la population dans le fait que les catastrophes "à l'ancienne" ne nous affecteront plus. Les militaires jouent un rôle clé à cet égard. Quelle que soit leur fonction et qu'ils soient déjà effectivement déployés pour combattre les conséquences de cette crise ou qu'ils soient (pour le moment) en attente, tous les militaires impliqués méritent donc notre gratitude et notre respect.

La conception du sacrifice

Tout comme le déploiement dans des missions opérationnelles peut produire des expressions de courage, de solidarité et de sacrifice sans précédent, le syndicat militaire ACMP-CGPM reconnaît aujourd'hui également ces qualités chez de nombreux militaires pendant cette crise.

Notre personnel se comporte comme un serviteur responsable de l'État et de la société belge, même dans des circonstances où le souci du bien commun ne peut plus être considéré comme acquis par les autorités supérieures.

Ces prestations méritent notre reconnaissance. Nous, du syndicat militaire ACMP-CGPM, voudrions donc applaudir les militaires qui, de quelle que manière que ce soit, aident notre pays à traverser cette crise.