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La fin de « l’élastique » militaire

18/05/2017

panne 18

Comme vous, cher lecteur, nous avons pu constater que le mercredi 17 mai, des véhicules militaires étaient arrêtés sur le viaduc de Vilvorde et dans le tunnel Kennedy. L’on peut expliquer cela de deux manières. Soit ces véhicules ont subi une panne inattendue. C’est alors problématique, car cela démontre l’état déplorable du matériel et combien les conséquences peuvent être importantes. Notamment pour la bonne exécution de l’opération Vigilant Guardian. Soit s’agissait-il du signal du mécontentement des militaires. Car les militaires n’en resteront probablement pas là. Les autorités politiques se retrouvent maintenant en plein dilemme. Continuer de cette façon ne peut plus durer.

Un bricolage quotidien

Pour le syndicat militaire ACMP-CGPM, il n’est pas surprenant que les véhicules tombent en panne. Le matériel de l’armée est maintenu en état avec des bouts de ficelle et de la colle. Depuis des années déjà, les militaires doivent bricoler pour que tout continue à fonctionner. Au quotidien, en de nombreux endroits, nous devons bricoler et improviser pour garder les choses en bon ordre. Cette typique mentalité « can do » du soldat – cette façon d’agir et de tirer son plan – qui a caché la gravité de la situation pendant des années, a atteint ses limites. Faire appel sans cesse à la débrouillardise et à la créativité des militaires pour réaliser des économies supplémentaires ou pour parer l’impact de décisions prises à la légère, ce n’est plus acceptable.

L’attitude des politiciens consistant à dire que « ça ira bien » avec l’armée, est caduque. « L’élastique » militaire est cassé. Nous avons dépassé le point critique. Après que les maîtres en calcul de la rue de la Loi n’y soient pas allés de main morte avec la Défense, dans leur quête d’économie du moindre euro, il n’y a maintenant même plus d’argent pour acheter « les bouts de ficelle et la colle » pour que le parc de véhicules militaires puisse continuer à rouler. Plus pénible encore, c’est qu’une partie de ces véhicules sont précisément utilisés dans le cadre de la sécurité intérieure de notre pays, l’opération Homeland Vigilant Guardian. Ils transportent en effet les soldats vers leurs lieux de patrouille et de garde dans les rues de Bruxelles et d’Anvers.

… et cela ne fera qu’empirer avec la réforme du régime de retraite…

La situation menace d’empirer. Car avec la réforme du régime de retraite tel qu’il est imposé par le gouvernement pour les militaires, il va de nouveau y avoir moins d’argent pour le fonctionnement de l’armée. Et l’opérationnalité va davantage être mise sous pression, puisque les hommes et les femmes qui doivent patrouiller dans nos villes seront âgés en moyenne de 45 ans. En outre, nous serons nettement moins nombreux. À cet égard, il n’y a pas besoin de faire un dessin pour expliquer qu’une telle armée composée de « vieux croulants » sera bien moins efficace. L’essentiel à retenir est, en fin de compte, qu’en raison de décisions irréfléchies du gouvernement, le citoyen va bénéficier de moins de sécurité qu’il ne peut espérer et qu’il est en droit d’attendre. Et il paie pour cela. Avec son plan sur les pensions militaires, le gouvernement a touché les zones érogènes des scénaristes spécialisés en catastrophes. C’est le seul résultat concret.

« Nous en avons assez ! »

Les militaires en ont assez. Nous en avons assez de cette sape insidieuse de l’armée. Nous en avons par-dessus la tête des décisions gouvernementales successives pour parvenir sans cesse à une armée « plus petite, mais meilleure ». Cette manière de s’y prendre est entre-temps devenue une chimère. Car sur le terrain, nous constatons qu'au-delà d’un certain niveau, le « plus petit » ne conduit plus au « meilleur ». Le point critique est maintenant dépassé : l’armée n’est pas devenue « mince », mais tout simplement « trop maigre » pour pouvoir encore agir efficacement contre les menaces qui nous entourent. Les militaires sont fatigués de cette culture consistant de nouveau et continuellement à promettre « une amélioration », mais se traduisant, à la fin du parcours, par un nouvel abandon. Comme, par exemple, avec la récente décision du gouvernement d’augmenter soudainement l’âge de la mise à la retraite de 8,5 ans en moyenne. Cette mesure est, de façon proverbiale, la goutte qui fait déborder le vase. Parce qu’elle va maintenir aussi en l’état le manque en moyens de fonctionnement et d’investissement qui perdure depuis des années.

Très peu de militaires croient encore en des améliorations substantielles pour leur avenir. Entre-temps, l’augmentation annoncée des moyens financiers de 2020 a été surnommée « budget Viagra ». Ce dernier consolide la façade de l’armée (le nouveau matériel) tandis que l’intérieur (son personnel) s’évapore et se ratatine.

Pour sortir de cette impasse, cela exigera du ministre Vandeput qu’il fasse preuve de leadership et qu’il joue au magicien. Le mécontentement est à ce point si profond et on a tant bricolé !

Pour le syndicat militaire ACMP-CGPM, le gouvernement mène en fait une politique en trompe-l’œil, de l’esbrouffe concernant la Défense. Une haute façade érigée en plans et mesures, mais quand le cortège gouvernemental est passé, il ne reste plus qu’une petite palissade d’éléments concrets. Et derrière cela, il ne subsiste toujours qu’un terrain vague. Un désert en ressources structurellement insuffisantes et un terrain en friche fait d’annonces et de promesses non tenues et semi-achevées.

Il n’y a plus de confiance

Les sentiments négatifs quant à la politique du gouvernement sont très importants. Il ne s’agit pas seulement du manque de moyens, de réformes et d’économies menées des années durant, mais aussi et surtout de la confiance entre le personnel d’une part et de la direction politique et militaire d’autre part. Un sentiment d’être, toujours et encore, abandonné à son sort. De par les couches caoutchoutées présentes dans la bureaucratie de la Défense, le message en provenance du lieu de travail n’arrive pas à l’endroit où il devrait être. De plus, sur le terrain, il y a le sentiment d’un manque de courage moral chez les chefs pour faire ce qu’ils doivent faire : défendre les gens et prendre la défense des droits du personnel.

Quand nous, en tant que syndicat militaire ACMP-CGPM, discutons avec les gens, il est souvent question de la déception à l’égard de l’employeur. On attend de la direction de la Défense qu’elle se range derrière son personnel.

Peut-être était-ce juste un avant-goût !

Continuez ainsi n’est plus une option.
Voilà pourquoi il faut opérer une réparation urgente et prioritaire. En outre, le message ne dit pas seulement qu’il faut « réparer » : ces mesures « sparadraps » ne sont plus acceptées. À commencer par la décision désastreuse de relever l’âge de la mise à la retraite de 8 ans et demi, en moyenne. Sans un ajustement sérieux de cette résolution stupide, l’événement de mercredi sur le viaduc de Vilvorde et dans le tunnel Kennedy ne sera probablement qu’un avant-goût. Car les militaires, sont à la fois déçus et en colère. Ils ont les moyens, l’entraînement et le cran pour délivrer d’autres messages plus forts encore.


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