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Upshot 08/2025 : Le syndicat militaire réclame une compensation pour le relèvement de l’âge de la pension : « Chaque heure prestée doit être rémunérée »

18/07/2025

*Ceci est une traduction libre d’un article rédigé en néerlandais.

 

Mercredi soir, le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA) rencontre les syndicats militaires pour discuter d’un accord social pour l’armée. « Un militaire déployé à l’étranger n’est rémunéré que pour 12 des 24 heures pendant lesquelles il est à disposition de son employeur », explique Yves Huwart du syndicat ACMP-CGPM. « Cela doit changer. Et oui, cela aura un coût. »

Par Kristof Clerix - knack.be (16/07/2025)

Une grande inquiétude règne dans les casernes belges depuis qu’a fuité l’an dernier le projet de relever l’âge de la pension des militaires de 56 à 67 ans. « Ce serait une catastrophe pour la Défense », ont alerté les syndicats à l’automne dernier. Mais la coalition Arizona a maintenu le cap et a décidé dans son accord gouvernemental de relever progressivement, à partir de 2027, l’âge de la retraite des militaires pour l’aligner sur celui des autres travailleurs et fonctionnaires.
« Ces mesures issues de l’accord de gouvernement sont actuellement traduites en textes pour une première lecture au conseil des ministres », déclare Yves Huwart, président de l’ACMP-CGPM, le syndicat militaire qui compte 9900 membres. « Cela relève des compétences du ministre des Pensions, Jan Jambon (N-VA). Mais si l’on touche à nos pensions, il faut rétablir l’équilibre d’une manière ou d’une autre. Et c’est précisément l’objet de la concertation sociale avec le ministre de la Défense Francken mercredi soir : qu’avez-vous à proposer en échange ? »
« Durant les six derniers mois, il y a eu beaucoup de réunions et discussions informelles à propos d’un tel accord social, mais nous en sommes maintenant à la phase où les cartes sont mises sur table », poursuit Huwart. « Pour la première fois, les choses vont être mises par écrit. » Avec les syndicats CSC, CGSP et SLFP,  l’ACMP-CGPM affrontera mercredi, de 17h à 19h, Theo Francken au cabinet du chef de la Défense Fred Vansina.
 
Tout le monde dans ce pays doit désormais travailler jusqu’à 67 ans. Pourquoi les militaires demandent-ils une compensation spécifique ?
Huwart : En raison de la spécificité de notre profession. Les militaires qui participent au défilé national du 21 juillet doivent porter un masque, car il existe une menace sécuritaire. Ils doivent être prudents quant à ce qu’ils publient sur les réseaux sociaux. Ils n’ont pas le droit de grève. Ils sont soumis à des contrôles de sécurité stricts. Un délit peut avoir un impact sur leur statut — une simple altercation avec un voisin peut déjà poser problème vis-à-vis de l’employeur. Pour un voyage en Chine, par exemple, il faut une autorisation. Peu d’autres professions exigent une absence aussi prolongée du domicile. Les militaires doivent être disponibles en permanence et satisfaire à des exigences physiques, morales et médicales élevées. Leurs droits politiques sont limités. Et aucun autre groupe professionnel — pas même la police — ne peut être forcé d’intervenir au péril de sa vie. Pourquoi choisirait-on encore ce métier s’il n’y a plus rien en contrepartie ?
 
Partir à la retraite à 56 ans n’est plus une incitation. Que réclamez-vous concrètement en échange ?
Huwart : Un militaire en mission à l’étranger n’est rémunéré que pour 12 des 24 heures pendant lesquelles il est à disposition de son employeur. La moitié de son temps à l’étranger n’est donc pas payé. Ce n’est plus acceptable. Nous exigeons que chaque heure prestée lors de missions à l’étranger, d’exercices, de manœuvres ou d’autres prestations soit désormais rémunérée. Soit on compense cela en temps, soit en argent. Idéalement, ce serait une combinaison des deux.
 
Est-ce une ligne rouge pour vous ?
Huwart : C’est en effet une ligne rouge sur laquelle il est difficile de transiger.
 
Vous demandez en fait un doublement de la rémunération lors des missions à l’étranger ?
Huwart : Si l’on compense uniquement en argent, on arrive effectivement à un quasi-doublement du salaire. Cela représente une somme importante. Bien sûr, il faut distinguer entre un soldat, un colonel et tout ce qui se trouve entre les deux — mais cela existe aussi dans le secteur privé.
 
Qu’espérez-vous encore obtenir lors des négociations ?
Huwart : Écoutez, plus on pourra intervenir sur le plan des pensions, moins l’accord social devra être lourd. L’accord de gouvernement souhaite valoriser la spécificité du métier militaire. Eh bien, lorsqu’il s’agit des pensions militaires, on pourrait par exemple attribuer un forfait correspondant à X années de service. Tout le monde doit travailler 45 ans pour avoir une pension complète. Mais un militaire, grâce à un tel forfait, pourrait devoir travailler moins de 45 ans en réalité. Dans l’esprit : « Si l’on additionne toutes les heures, j’ai déjà très certainement largement contribué. »
 
Et les militaires proches de la retraite ?
Huwart : Ils doivent bénéficier d’un atterrissage en douceur. C’est un point crucial dans nos discussions sur l’accord social. Tel que formulé dans l’accord de gouvernement, le mécanisme de transition fait que l’on court chaque année après son âge de la retraite. Ce point précis doit être clarifié et résolu.
 
Ces dernières semaines, des milliards d’euros supplémentaires ont été promis à la Défense. Cela influence-t-il les négociations sociales ?
Huwart : Que la Défense reçoive beaucoup d’argent est nécessaire. Le retard à combler est énorme. Mais il existe une tension, car on veut surtout investir dans les systèmes d’armement. À un moment donné, il faudra aussi des gens pour les utiliser. Il faut donc aussi des moyens supplémentaires pour le personnel.
 

 

Lors du lancement du nouveau Plan stratégique fin juin, Theo Francken a annoncé 50 milliards d’euros d’investissements dans le personnel. Ce n’est pas négligeable ?
Huwart : Dans ce même Plan stratégique, Francken évoque un effectif de 34.500 militaires. Aujourd’hui, nous sommes environ 25.000. La Défense devra donc investir davantage dans le personnel. Mais nous voulons que le militaire en ressente aussi les effets positifs au niveau individuel. Si vous n’êtes pas un employeur attractif, vous ne parviendrez pas à recruter.
 
Avez-vous des propositions concrètes à ce sujet ?
Huwart : Une des idées est d’introduire une prime de bienvenue ou de recrutement, notamment pour les fonctions en pénurie au sein de la Défense. Choisir d’être infirmier dans l’armée ou à l’hôpital près de chez soi ? Une prime pourrait convaincre certains de s’engager dans la Défense.
 
Theo Francken est-il un négociateur dur ?
Huwart : Il a du caractère, c’est vrai, mais il sait aussi écouter. Mon impression est qu’il est attentif à nos préoccupations. Il est un homme de principes et veut appliquer l’accord de gouvernement, y compris la réforme des pensions. Mais concernant l’accord social, il sait qu’il faut faire quelque chose.
 
Un accord final est-il attendu mercredi soir ?
Huwart : C’est impossible. Le cabinet et l’état-major présenteront leurs propositions. Mais nous devons encore consulter notre base jeudi prochain, et le lendemain, une réunion finale est prévue avec le ministre. « Jusqu’à la ligne d’arrivée », pour reprendre les mots de Francken. Jusqu’à ce qu’il y ait un accord — ou non. Ce peut être une réunion de quelques heures, voire une journée entière. Mais elle peut aussi se terminer après cinq minutes si un accord s’avère impossible. Je ne peux évidemment pas le prédire.
 
Toute cette discussion sur les pensions pèse-t-elle sur le moral des militaires ?
Yves Huwart : 
Absolument. Les jeunes récemment engagés restent peut-être indifférents. Mais les militaires de plus de 35 ans attendent de voir : « Si la nouvelle proposition est insuffisante, nous envisagerons sérieusement une reconversion. » Et chez les plus de 45 ans, je ressens de la colère. Ils sont particulièrement touchés par la réforme des pensions.


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