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Plus de moyens pour l’armée. Pourquoi ? Parce que !

02/04/2015

Dans un document stupéfiant, l’état-major de la Défense fait savoir ce que chacun sait en et hors Défense. Avec un budget de 2,15 milliards, il est impossible de maintenir dans le futur des capacités militaires complètes sur terre, dans les airs, sur mer ou même dans l’espace cybernétique. De cette façon, nous créons un département qui, d’un point de vue opérationnel, perd toute pertinence. Dans le dictionnaire électronique, on appelle cela un Game Over.

Chacun comprend pourquoi il est important d’investir dans l’enseignement, les soins de santé, la Justice et la police. Pour la Défense, il en va souvent autrement. Voilà pourquoi il faut accorder une importance de taille à la question du pourquoi. Sinon, les dépenses militaires seront toujours remises en question et la Défense en perpétuelle déconstruction.

Les gouvernements imposent d’abord les restrictions budgétaires à la Défense. Ils analysent ensuite le type de Défense que l’on peut développer. Ne serait-il pas plus judicieux de réfléchir dans l’autre sens ? Penser à ce dont nous avons besoin en termes de moyens militaires est capital. Mais veiller à ce que chacun comprenne pourquoi nous devons investir de manière suffisante dans la Défense est encore plus important.

 Quelques scénarios plausibles

1.  L’État islamique (IS) a décidé de se concentrer sur une forme radicale de la piraterie, dispersion de mines marines comprise. Le commerce maritime vers l’Europe de l’ouest est surtout visé. Les navires sont détournés à un rythme élevé. Nos ports ne reçoivent plus de marchandises durant des semaines, les  matières premières restent en arrière. Nos exportations sont réduites au silence. Les ouvriers des ports, le secteur du transport et le traitement sont mis au chômage technique, avec pour conséquence des dégâts économiques inattendus pour notre pays. La Belgique a un intérêt certain à ce que l’on réponde de manière ferme face aux pirates d’IS, et veut opérer en mer Méditerranée. Seulement, nous ne disposons plus des frégates et chasseurs de mines nécessaires pour garder les voies de navigation ouvertes. L’opposition accuse la majorité qu’on n’a jamais investi dans une marine digne de ce nom.

2. Des élections sont organisées dans une ancienne colonie d’Afrique. Le nombre de manifestions violentes augmente et certaines attaques terroristes ont lieu dans la capitale. Beaucoup de Belges se retrouvent coincés sur les aéroports locaux, où dix compatriotes sont décédés. Le gouvernement belge décide d’évacuer aussi vite que possible le reste des compatriotes. Les avions militaires de transport flambant neuf se tiennent prêts à partir. Il faut maintenant « louer » une compagnie de soldats d’élite d’un pays voisin. Le premier ministre belge appelle ses collègues. « Pouvez-vous nous amener des soldats spécialisés pour évacuer nos compatriotes ? La Belgique prend le transport à sa charge. » Paris, Berlin et La Haye hésitent en raison des risques pour leurs propres soldats. Quarante-huit heures plus tard, une nouvelle attaque survient : 18 Belges ont été tués. Le gouvernement belge reçoit des marques de soutien venues du monde entier. Le premier ministre déclare que nous avons fait « tout » ce qu’il était possible de faire dans la mesure de nos moyens. L’opposition demande des mesures pour éviter que pareil scénario ne se reproduise et pointe du doigt les économies drastiques opérées à la Défense.

3.  Après la Crimée et l’ouest de l’Ukraine, Moscou continue dans sa politique de puissance. Un bombardier russe pénètre à nouveau l’espace aérien de l’ouest de l’Europe. Les Pays-Bas réagissent rapidement et envoient immédiatement deux F-35 dans le ciel. L’appareil passe alors dans l‘espace aérien belge. Pour une raison inconnue, le pilote actionne son siège éjectable et l’avion pique du nez et part s’écraser sur un hangar heureusement vide. L’enquête qui suit n’apporte aucun éclaircissement sur les véritables raisons de ce survol par un avion russe. Les médias suggèrent une attaque possible des institutions européennes.

4.  De grosses portions de notre territoire sont pour la première fois confrontées à une longue coupure de courant. Le plan de délestage a échoué. La cause : une cyber-attaque a désactivé une part importante de notre infrastructure automatisée. Le courant est coupé, Le service de paiement électronique est hors service. Les experts disent que le problème ne sera pas résolu avant une semaine. Le chaos frappe. Impossible de faire le plein à la station-service et les banques ne peuvent répondre à la demande massive d’argent liquide. En l’espace de quelques jours, l’économie est paralysée. Les capacités de cyber-surveillance n’ont pas pu prévenir cet arrêt.

Sécurité fragile

Sommes-nous suffisamment conscients de la fragilité de la sécurité de notre société ? Pas seulement de la sécurité de nos citoyens, mais aussi de nos sources d’énergie, de nos ports, de nos moyens de transport, de nos industries chimiques et nucléaires ainsi que de nos flux de communication. Tout cela nous paraît évident. Croire que ces éléments demeurent inviolables est très risqué ! Et l’assistance militaire auprès de la police, en cas d’incidents graves, de catastrophes naturelles ou de solidarité internationale ne compte-t-elle plus ?

L’Europe est constamment entourée de longs conflits et de nouveaux foyers de violence. Le terrorisme constitue une menace croissante. La criminalité transfrontalière, les cyber-attaques, les flux de réfugiés venus de pays en déliquescence sont autant de facteurs de déstabilisation pour notre société.

Trop souvent des voix s’élèvent pour demander si la Défense belge doit continuer à « tout » faire. Ce « tout », nous ne le faisons plus depuis bien longtemps. Le rêve d’une armée européenne s’évanouit. Dans le Standaard du 31 mars, Hendrik Vos souligne qu’une armée unie digne de ce nom n’est pas encore pour demain.

S’il est question d’économies à la Défense, les médias traitent sur le manque d’argent, le personnel qui diminue et les casernes qui ferment. Ces mêmes histoires reviennent sans cesse. Sans aucun doute, cela constitue un facteur important pour les militaires. Mais il est aussi important qu’il soit question de la raison d’existence de notre Défense : la liberté, la sécurité et la prospérité. Les vôtres mais aussi celles de nos enfants. Pour réaliser cela, il faut plus d’argent. Le ministre, le chef de la Défense, le conseil des « sages » ainsi que les syndicats s’accordent là-dessus.

La sauvegarde de notre liberté, de notre sécurité et de notre prospérité : c’est la raison d’être de notre armée et ceci mérite qu’on y investisse. 

 Yves Huwart

 Représentant du syndicat militaire ACMP-CGPM

 

 

 


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